
Entretien avec Séverin Maxime Anguile, Directeur Général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) depuis le 7 novembre 2019. Cet ancien assureur connait parfaitement les enjeux de protection sociale en général, et ceux de la couverture maladie gabonaise, en particulier.
Quelle est votre vision managériale pour la CNAMGS ?
Depuis que le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA m’a fait l’insigne honneur de me confier la gestion de la CNAMGS, je mesure chaque jour ma responsabilité.
Je dois dire qu’à l’inverse des entreprises dont l’impact social n’est pas évident ou ne se dessine qu’en termes d’actions RSE, toutes les missions de la CNAMGS sont sociales.
En effet, sur une population estimée à 2,2 millions d’habitants, avec 1 700 105 assurés, la CNAMGS couvre 74,6% de la population.
Ceci rend ma charge plus exaltante au quotidien, car la CNAMGS touche aussi bien la population, que les entreprises et institutions.
Pour votre gouverne, le régime obligatoire d’assurance maladie et de garantie sociale est un instrument social fort, créé, financé et géré par des Gabonais au profit de tous, sans exception. La CNAMGS est donc une fierté nationale.
Ce sentiment nourrit ma vision qui est de « Remettre l’assuré au cœur du modèle opérationnel de la CNAMGS ».
Quels sont les défis de la CNAMGS après 15 ans d’existence ?
D’emblée, il faut noter que la CNAMGS est un modèle d’assurance maladie inédit en Afrique subsaharienne, où la majorité des organismes de prévoyance sociale gère des régimes de pensions.
Elle comporte 3 Fonds : le Fonds 1 des salariés du secteur privé ;
le Fonds 2 des agents publics et le Fonds 3 dédié aux Gabonais économiquement faibles, dits GEF, et assimilés.
Ainsi, le principal défi de la CNAMGS est d’optimiser la prise en charge des assurés GEF, qui sont les plus vulnérables.
Cela passe par des actions importantes, notamment :
– la redéfinition du statut de GEF. Débutée par la fiabilisation du fichier GEF, l’identification des nouveaux critères d’attribution du statut est à l’étude avec l’implication de toutes les parties prenantes nationales et internationales, telle que la Banque Mondiale ;
– l’opérationnalisation du Fonds 4 des travailleurs indépendants et assurés volontaires, des professions artisanales, commerciales et libérales permettra de faire basculer plusieurs assurés du Fonds 3 ayant une capacité contributive vers le Fonds 4 et rendra ainsi le régime universel ;
– le processus de transformation digitale des services de la CNAMGS, actuellement en cours, contribuera à une meilleure maîtrise des dépenses techniques (lutte contre la fraude) ;
– la réduction des déserts sanitaires par l’opérationnalisation des départements sanitaires de base par le ministère de la Santé et leur conventionnement à la CNAMGS et ce, dans le cadre du Plan d’Accélération de la Transformation 2021-23.
Quels sont vos résultats à date ?
Au titre de l’année 2021, on peut noter que :
– les cotisations du Fonds 1 ont augmenté de plus de 20 milliards, passant de quelques 35 milliards en 2020, à plus de 59 milliards en 2021. Ceci est dû aux contrôles et redressements effectués à la reprise de l’activité économique ;
– les dépenses de fonctionnement ont baissé, elles sont passées de 19 milliards en 2020, à 16 milliards en 2021 ;
– les dépenses techniques ont augmenté de 6,6%, passant de 58 778 423 137 FCFA en 2020 à 62 638 644 602 FCFA, du fait du recours plus fréquent des assurés aux professionnels de santé ; les dépenses de médicaments représentent 34% des dépenses techniques.
Au 31 décembre 2021, le résultat comptable de la CNAMGS s’est significativement amélioré ; le déficit a diminué de façon drastique de 1,4 milliards contre 12 milliards en 2020.
On note également une nette amélioration des ratios prudentiels de la CIPRES, gage d’une bonne gouvernance. Il s’agit notamment du ratio des charges administratives passé de 36% en 2019 à 17,6% en 2021, la norme étant de 15% des produits techniques réalisés et le ratio des charges du personnel étant de 63,60%, quand la norme est d’au plus 85% des charges de fonctionnement.